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movievore
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Catégorie :
Blog Cinéma
Date de création :
27.11.2008
Dernière mise à jour :
01.01.2010

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Publié le 27/11/2008 à 12:00 par movievore
Bonjour,

Comme son nom l'indique avec un sens du mystère et une finesse imparable, ce blog n'aura qu'un seul sujet le cinéma, les films et se composera d'une série d'articles, écrit sans autre ordre que celui des visionnages, que ce soit en DVD ou en salles. Les critiques tomberont donc en vrac, parfois un lien thématique viendra les unir, parfois il s'agira d'un article de révision d'une oeuvre (cf Scream...12 ans après) ou simplement d'un film que j'apprécie particulièrement.
Que dire d'autre? Vos réactions m'intéresse, n'hésitez à laisser un commentaire (y compris assassin) ou même un contre avis. Mon seul souhait reste que les visiteurs qui aiment le cinéma, apprécieront un minimum ce que recèle ce blog.
Bon maintenant au boulot...


Yann D.

Revoir Scream... 12 ans après.

Publié le 27/11/2008 à 12:00 par movievore
Scream
de
Wes Craven
(1996)

Pour commencer tout doucement, tandis qu'un quatrième opus se prépare lentement quoique sûrement, retour sur le film qui a relancé la mode du film pour ado, le slasher, la carrière de Wes Craven et lancé celle, bien que brève de Kevin Williamson.

En 1996 sortait un petit film d’horreur, titré Scream, porté par une génération de comédiens pour la plupart inconnus (Skeet Ulrich, Neve Campbell, David Arquette, Matthew Lillard), réalisé par un adepte du genre sur le retour, Wes Craven (après le flop de Un Vampire à Brooklyn), scénarisé par inconnu âgé de 29 ans du nom de Kevin Williamson, produit et distribué par une compagnie indépendante Dimension, branche estampillée "cinéma de genre" du studio Miramax des frères Weinstein. Intitulé d’abord Scary Movie, Scream offrait une approche post moderniste du cinéma d’horreur, et de l’un de ses sous genres les plus mal famés le slasher (pour trois quatre chefs d’œuvre combien de grosses merdes ?…), catégorie où un tueur masqué assassine, de préférence à l’arme blanche des ados. Partant de l'idée que les personnages dans une pareille situation se serviraitent de leur culture cinématographique pour survivre ou pour assassiner leurs victimes, le scénariste livrait un premier script qui à défaut d’être révolutionnaire, offrait du moins une réflexion réelle sur ce sous-genre dévalué. Sorti à Noël aux States, le film rafla la mise, avec plus de 173 millions de dollars au box office mondial, mettant en orbite une franchise à succès, déclinée en trois opus. Un carton commercial qui se doubla d’un joli succès critique, qui a largement contribué à asseoir la réputation du métrage en tant que classique, on se souvient notamment de la fameuse phrase des Inrocks, servie en accroche publicitaire « Hitchcock en avait rêvé, Wes Craven l’a fait ». Posé en référence dès sa sortie, le film donna le la à toute la vague des neo slashers ayant déferlé jusqu’au début des années 2000 (le très médiocre Souviens-toi l’été dernier écrit justement par Williamson et son exécrable suite en tête) pour la plupart mauvais, se contentant reprendre les ficelles, le mélange humour-gore-peur, du film source sans pour autant parvenir à l’égaler, ni encore moins à ajouter quelque chose au genre (à part peut-être le modeste et réussi, dans la limite de ses prétentions, Destination Finale). Scream aura dans le même temps relancé la mode des teen movies (remermber les catastrophes filmiques American Pie, Road Trip, Sex Intention et consorts?), autre sous genre auquel il appartient. Sans même parler de l’âge des protagonistes, censément des lycéens, le film de Craven s'approprie quasiment toutes ses figures imposées, qu’il s’agisse du dépucelage comme enjeu scénaristique, de la fête comme lieu du climax (lien de recoupement slasher/teen movie), la caractérisation à la serpe des personnages qui vont du gus gus rigolo lourdingue au petit ami qui désire trempé sa nouille en passant par l’intellectuelle un peu psycho rigide, sans oublier la musique indie rock d'jeuns.

12 ans et de l’eau a coulé sous les ponts. Cursed, titre maudit de ses origines à son tournage au nom tristement explicite, a mis un terme (provisoire ?) au mariage lucratif entre Wes Craven et Dimension, représenté par les frères Weinstein, en même temps qu’à la carrière feuille de paille de Kevin Williamson, qui depuis Scream 2 et l’arrêt de Dawson sa série télé n’a plus jamais retrouvé les faveurs du grand public. Par ailleurs la fin des années 90 a vu apparaître des films comme Le Projet Blair Witch, The Nameless, ou Sixième Sens qui bons ou mauvais, réintroduisirent une autre vision de la peur au cinéma, plus atmosphérique, délestée du second degré référentiel et de l’univers adolescent propre au métrage de Craven. Cette vague d’épouvante plus adulte sera entérinée par la déferlante horrifique made in Japan, entamée par Ring (sortie en 2000, cependant visible dès 1999). Aujoud’hui la mode des « torture flicks » lancée par Saw, aux effusions sanguines autrement plus spectaculaires contribue à conférer à Scream l’allure d’un souvenir lointain. D’autant qu’aujourd’hui la critique qui avait salué le travail du duo auteur/réalisateur le pointe aujourd’hui associant sa réflexion post moderne à du cynisme matiné de condescendante et finalement superficielle. Pour traduire, on accuse désormais Craven de s’être contenté d’exhiber de vieilles ficelles afin d’en rire sans pour autant les avoir perverties, ou détournées.

Revoir Scream aujourd’hui ? A vrai dire cette idée m’attirait encore moins que de revoir la finale de la coupe du monde 98. L’accident s’est produit hier, chez une amie désireuse de laisser cours à sa nostalgie. A ma grande surprise l’expérience doucement régressive fut agréable. Le constat ?Ma foi, rien de cassé.

De la caractérisation un peu basique des personnages, à certaines incohérences d’écriture (le mobile du deuxième tueur reste flou, ce qui certes nourrit l’effroi, avec l’idée de crime sans autre raison que le plaisir, mais confère dans le même temps au twist final un côté vaguement artificiel), de mise en scène (le tueur se ballade tranquillement dans un supermarché, alors que la police est censée être sur le qui vive ? Bien sûr!), en passant par le cabotinage éhonté de Mathew Lillard (ce type N’EST PAS UN ACTEUR), le film accusent des défauts certains, qui le rendent un tantinet agaçant, un tantinet risible, sans pour autant entamer le plaisir ressenti à sa vision. Car le long métrage de Wes Craven dispose de sérieux atouts. Dès sa séquence d’ouverture qui restera probablement, y compris aux yeux de ses plus ardents détracteurs, comme un morceau de bravoure, le long métrage affiche une partie de ses plus évidentes qualités. Au premier chef, la réalisation particulièrement inspirée. La fluidité des mouvements de steadycam, le choix des focales, le cadrage précis, les accélérations et les ralentissement dans le rythme, continuent d’impressionner, servant en cela l’écriture ciselée de Williamson. Il suffit de constater comment la tension monte par touches diffuses, comment chaque échange entre Drew Barrymore (idée géniale de l’actrice d’avoir renoncé au premier rôle pour endosser celui de la première victime), contribue à instaurer un suspense de plus en plus fort. L’idée par exemple, lors du deuxième coup de fil (celui où le drame se noue) d’opérer un décadrage à gauche associé au tueur (repris par exemple lors de la mise à mort de Rose McGowan) est simple et puissante à la fois. Par la suite, en dépit de quelques erreurs, (une fois son look présenté le tueur est rarement inquiétant), Craven maintient le niveau, créant de grands moments d’angoisse, à l’instar de cette scène où Neve Campbell se retrouve enfermée dans une voiture dont l’assassin a les clefs. Une mise en scène élégante, qui relaie un scénario réellement brillant. Avant de mettre l’accent sur l’aspect réflexif de celui-ci, il n'y a que jeter un coup d'oeil sur la manière dont Kevin Williamson parvient à aligner les rebondissements (environ un coup de théâtre toutes les dix minutes) qui maintiennent un rythme soutenu . Cet élément fait ressortir l’essence du scénario de Williamson, à savoir celle d'un whodunit (« qui l’a fait ? »), où réalisateur et scénariste disposent des indices pour le spectateur complice, qui tente de deviner qui est le coupable, ce qui débouche sur une espèce de Cluedo gore où "Tout le monde est suspect " du boyfriend au proviseur en passant par le père de l’héroïne. La résolution surprenante et habile, constitue un facteur de plaisir, celui vieux comme le monde de s’être fait avoir. Comme il a été dit précédemment on peut contester l’idée d’un second tueur poussé par le plaisir, malgré tout Williamson laisse à penser que celui-ci, attiré par son camarade de meutres(voir les regards qui lui lance, la proximité qu’il cherche dans la scène de la cuisine à la fin) aie pu être manipulé et enrôlé. D’autre part comme il a été souvent mis en évidence, d’abord pour encenser le métrage, ensuite pour le critiquer, Scream propose en parallèlement à son intrigue de thriller horrifique une mise en abyme du sous genre auquel il appartient, en l’occurrence le slasher. Une nouvelle fois il y a quelque chose de bluffant dans la conciliation qu'opère le scénariste entre autoréflexivité, didactisme et ludisme. Ainsi en citant à la pelle des titres que l'audience connaît forcément (Les Griffes de La Nuit, Halloween, Vendredi 13, Le Silence des agneaux...) l'auteur s'assure de leur sympathie tout en renforçant leur implication dans le drame, et peut ainsi devancer ses attentes. Le film oscille de la sorte entre une connivence revendiquée (ces personnages vous ressemble vous feriez pareil) et un jeu constant avec les attentes du public, chaque référence étant avancée pour que le film qui défile puisse marquer sa différence. On a pu voir dans cette démarche de la condescendance, en l’état il correspond davantage à son fonctionnement axé sur la surprise et la réflexivité. La séquence où un des héros, cinéphile explique les trois règles du slasher « ne pas coucher, ne pas boire et ne pas sortir d’une pièce en annonçant son retour », telles que les ont posées des œuvres phares comme Black Christmas ou le superbe Halloween de John Carpenter, s’avère représentatif de la manière d’agir du scénariste. En effet ce moment à la tonalité humoristique s’adresse autant au public (on a droit a un quasi face caméra) qu’aux autres personnages, lui livrant des clefs pour la suite du métrage, ce bien entendu afin de détourner ses règles. Les protagonistes sortent librement des pièces, la seule vierge déclarée du casting est l'un des rescapés, l’héroïne s’est envoyée en l’air avec le tueur et les victimes meurent sobres. Dans le même ordre d’idée la séquence où un journaliste voit sur son écran de surveillance en léger différé, (autre trouvaille scénaristique brillante) un des adolescents mis en danger tandis qu'il regarde Halloween, synthétise toutes ces notions. S'y dessine en effet l’affirmation de l’appartenance de Scream à un genre (Scream comme Halloween sont des slashers, ce que dénote l’équivalence entre les réactions analogues des deux protagonistes séparés par un écran), sa différenciation (sophistication par rapport à son modèle via ce procédé savant, de la fiction dans la fiction, mise à mort du journaliste et non pas de l'adolescent), l’implication du spectateur (le journaliste dans son van comme double de nous en train de regarder Scream) et mise en abyme. Et lorsque l’un des tueurs sera écrasé par un écran de télé diffusant Halloween où pourra dès lors y voir , au-delà du gag visuel, à la fois l’idée d’un protagoniste tué par les images qu’il a ingurgité qui l’auraient ensuite poussé au crime et le modèle filmique détruit et dépassé. D’ailleurs on soulignera qu’une partie du dénouement du long métrage de Craven se déroule sur fond d’extraits d’Halloween film matriciel du slasher, probablement le plus grand jamais réalisé (Scream inclus), symbole d’un retour aux sources à la lumière de la modernité.

Pour conclure, si le débat sur l’influence des films violents sur la mentalité des jeunes et leur rôle de pousse au crime, si cher à une poignée de journalistes fainéants, est caduque, il a bien entendu été relancé lorsque quelques psychopathes, sous excuse de Scream n’ont rien trouvé d’autre à faire que de découper dans leur entourage. L’un des éléments les plus probants aujourd’hui du métrage de Craven/Williamson est d’avoir anticipé ce débat et de l’inclure. On notera notamment les discours réactionnaires des autorités du genre « Les jeunes d’aujourd’hui sont tous détraqués », désamorcés, lorsque le proviseur du enfile un court instant le masque, symbole de la fascination pour le mal en dehors de toute distinction d'âge. D’autre part comme le dit l’un des assassins accusé d'avoir été rendu fou par les films: « Ils nous rendent juste plus créatifs », en résumé on devient peut-être psychopathe, mais certainement pas sous l’ influence du cinéma. Scream 2 reprendra cette idée, tentera de la pousser plus loin, quand bien même le premier avait déjà tout dit, avec par ailleurs plus de finesse.

Vous l’aurez compris (enfin je l’ai compris) Scream en dépit de quelques défauts, et de la concurrence d’œuvres actuelles plus fortes sur le plan de l’horreur, reste un petit classique, indispensable.

La répartition des articles

Publié le 27/11/2008 à 12:00 par movievore
Re,

Ce blog, à peine né, commence déjà à évoluer. A l'idée d'un classement article après article, à la volée, se substitue une organisation en deux grandes catégories ou blocs (pour les nostalgiques de la guerre froide), à savoir la page dite "actualité" , contenant des critiques de métrages encore en salles, ou du moins sortis il y a peu. La seconde flash back, s'articule autour de films naturellement plus anciens, qu'il s'agisse de classiques indiscutables, indiscutés, ou d'oeuvres justement moins ouvertement définitives, discutées, de classiques pas nécessairement reconnus à leur juste valeur (avis ô combien discutable). En une phrase des films plus vieux dont j'ai envie de parler. Bien entendu, comme vous le verrez sous peu, ces deux catégories pourront tisser des liens, avec des rapprochements thématiques, narratifs ou formels, entre des œuvres plus ou moins éloignées dans le temps. Quant à la page d'acceuil ou centrale ( pour les amateurs d'Hustler) elle s'articule autour d'annonces, de billets d'humeur et de corrections de nature diverse.

Vicky Cristina Barcelona

Publié le 28/11/2008 à 12:00 par movievore
Vicky Cristina Barcelona
de
Woody Allen
(2008)

Interprètes: Scarlet Johansson, Javier Bardem, Peneloppe Cruz, Rebecca Hall, Patricia Clarkson
Dir. Photo: Javier Aguirresarobe
Montage: Alisa Lepselter
Musique: Isaac Albéniz, Giulia y los Tellarini, Paco de Lucia, Juan Serrano

Vicky (Rebecca Hall) et Cristina (Scarlet Johansson) ne partagent pas la même vision de relations hommes-femmes. La première, fiancée, s's'apprête à se marier, tandis que la seconde, plus frivole recherche toujours plus d'excitation et accumule les relations. Invité par de lointains parents à Barcelone Vicky qui doit terminer un mémoire consacré à l'art invite son amie à la suivre. Elles débarquent chez cette famille tranquille, l'image même du couple idéal. Les deux jeunes femmes ne tardent pas à rencontrer un peintre, Juan Antonio (Javier Bardem) qui leur propose de partager son lit. Offusquée, Vicky refuse, tandis que Cristina se montre plus intéressée. Le peintre, parvient cependant à séduire Vicky, semant le doute dans son esprit, puis son amie, avec laquelle il entame une relation dans laquelle les rejoint bientôt Maria Elena, l'ex femme de Juan, qui trouve dans cette aventure l'occasion de retrouver des sentiments perdus...

Le Rêve de Cassandre, remarquable comédie noire, dernier volet de la trilogie londonienne de Woody Allen, se terminait sur une note désabusée, et cynique, dont l'introduction de Vicky Cristina Barcelona prend le contre-pied. Sur une musique hispanique guillerette, accompagnant une voix off au débit vif, présentant les personnages campés par Scarlet Johansson et Rebecca Hall, la première séquence donne le ton résolument léger du film, ainsi que son rythme soutenu. La photographie, aux couleurs chaudes, légèrement jaunie comme pour souligner (un peu à la manière de Traffic de Soderbergh), l'omniprésence du soleil, participe à ce climat détendu, à cette atmosphère estivale, propice à la sensualité. Pourtant dès le début, quelque chose ne fonctionne pas. Le trait apparaît forcé, la narration assurée Christopher Evan Welch, qui résume chaque enjeu, confère au long métrage un caractère escamoté, les conséquences de tel ou tel acte des protagonistes sont présentées avant même que le spectateur ait pu entrer dans la séquence précédente, d'autant que les acteurs n'ont même pas à transmettre une émotion, puisque le récitant se charge de nous dévoiler ce qu'ils ressentent. Ce qui s'avère d'autant plus dommageable que le scénario aborde, au détour du destin croisé des différents personnages la thématique ancestrale du couple, au détour de motifs forts et universels tels que l'engagement, l'adultère et l'usure du sentiment amoureux et ce qui peut venir y remédier. Malheureusement le cinéaste paraît vouloir conclure au plus vite son métrage et s'en débarrasser, plus soucieux de filmer sa nouvelle terre d'images que les émois des actants.

Dès lors le sentiment dominant, est celui d'un réalisateur en vacances, qui s'attarde peu sur ses personnages et déroule une intrigue qu'il n'approfondit jamais. Ainsi il apparaît assez flagrant de voir que l'idée suffisamment forte sans être révolutionnaire, du ménage à trois, libertin, nourri par l'art, se voit expédiée, trop vite amenée (on ne sent à aucun moment la séduction qu'exerce Maria Elena sur la nouvelle compagne de son mari), trop vite conclue par une dispute sans épaisseur. Ce moment central du film, sur lequel la majeure partie de sa promotion a été construite, ne recèle aucune sensualité, aucun moment définitivement fort, qu'il s'agisse de la première nuit entre Bardem et Johansson, du baiser entre les deux femmes (un flash back, qui plus est morcelé ce qui désamorce toute tension) ou l'amorce de triolisme. Là se dessine un autre problème de Vicky Cristina... tout simplement son absence de grandes scènes (à la différence des précédents Allen). En lieu et place on glane ci et là d'excellentes répliques comme la proposition sans sourciller de partie à trois que fait le peintre aux deux héroïnes dans un restaurant ou des bribes de dialogues à trois entre Cruz, Bardem et Johansson. On trouve un peu de plaisir aux errances de Vicky (belle prestation de Rebecca Hall, en jeune fille paumée vive d'esprit) ou à voir comment Woody Allen égratigne un couple bourgeois exemplaire, miné par l'adultère, l'occasion pour le cinéaste de renouer avec la vaine (gentiment) sociale et caustique de Match Point et surtout du Rêve de Cassandre. Mais dans l'ensemble la construction en courtes séquences, au rythme par trop expéditif et répétitif, rend le périple espagnol de ces deux américaines monotone.

Mesrine, L'Instinct de mort

Publié le 01/12/2008 à 12:00 par movievore
Mesrine, L'instinct de Mort (Part1)
de
Jean-François Richet
(2008)

Interprètes: Vincent Cassel, Cécile de France, Gérard Depardieu,Elena Anaya, Gilles Lelouche...
Scénario et dialogues: Abdel Raouf Dafri et J.F Richet
Photographie: Robert Gantz
Montage: Hervé Shneid.
Musique: Marco Beltrami, Marcus Trumpp.

Le parcours de Jacques Mesrine (Vincent Cassel), de son retour de la guerre d'Algérie à ses débuts dans le gangstérisme sous l'égide du mafieux Gudio (Depardieu) en passant par sa cavale nord américaine en compagnie de Jeanne Schneider. Autant d'événements qui se précipitent, jalonnent un parcours jonché de cadavres et qui feront de Mesrine, l'ennemi public numéro un.

Le film est fulgurant. A l'image de la vie chaotique et violente de son personnage principal. Richet s'accroche à Mesrine. Ce dernier s'avère non seulement l'épicentre logique du métrage, c'est aussi son modèle. L'instinct de mort du titre, semble être la propension du criminel à générer la violence, à la pousser toujours un peu plus loin jusqu'à sa vie soit en jeu. La séquence, où mut par l'idée de gloire, il tente de faire évader les détenus d'une prison de haute sécurité québécoise, et s'en sort de justesse, les jambes criblés de balles, en offre une belle illustration dans un moment spectaculaire et intense. Loin du métrage mainstream, se reposant sur un sujet fort qu'on aurait pu redouter, le cinéaste, préfère livrer une œuvre hétéroclite. La scène d'ouverture, construite autour d'un split screen, en deux plans filmés sous deux angles différents, montés avec un léger différé qui créé un décalage, nous fait entrer dans un monde fracturé, inconfortable. Par la suite le métrage fait se chevaucher, sans transition, moments intimistes (parmi lesquelles celle où Mesrine attend à la maternité la naissance de son premier enfant ou encore celle où Jeanne lui avoue au téléphone ne plus vouloir le revoir) et blocs de tension (le braquage du tripot d'un rival de Guido, le double braquage). Richet n'héiste pas non plus à recourir à l'ellipse, par exemple lorsqu'il montre les préparatifs d'un braquage fomenté par Paul, pour ensuite enchaîner directement sur Mesrine incarcérer pour la première fois. En dehors de l'élimination d'un passage sans doute redondant, il s'agit surtout de mettre l'accent sur l'emprisonnement, étape récurrente dans la vie criminel, qui conditionne en partie sa violence, et sa "philosophie" "Mort ou dehors". Devise qui trouve son explication lors de l'isolement carcéral du gangster au Québec, filmé en grand angle (qui détonne avec la focale longue qui prédomine le reste du métrage, comme un cauchemar, évoquant les méthodes des régimes dictatoriaux. D'ailleurs le long métrage, filtre le contexte politique à travers le regard de son principal protagoniste. Ainsi seule la démission de De Gaulle est évoquée, au détour de quelques plans de Mesrine devant sa télévision au Québec. Quant aux changements d'époques ils se dessinent par le biais des accessoires des modèles de voitures, des armes, des vêtements, de la décoration des appartements, rien d'autre, rien d'extérieur au(x) protagoniste(s).
Dont le réalisateur livre un portrait sans fard. Mesrine apparaît tour à tour comme un homme de principes évoluant dans un milieu marqué par la malhonnêteté (le gangstérisme bien sûr, tout comme celui du milliardaire américain hypocrite), amant tendre, mari hyper violent, père attentionné, voyou en cavale en Amérique du Nord qui oublie ses enfants. Virevoltant de l'extrême gauche à la lutte pour le Québec libre, il évoque davantage qu'un opportuniste politique, un électron libre. Le passage souvent décrié de la course-poursuite en Arizona, qui tient presque la carte postale via ces dizaines de voitures de flics lancées aux trousses du couple Schneider Mesrine, doit sans doute se lire dans cette optique, celle d'un grand gamin irresponsable vivant le rêve d'un voyou. D'autant que le film, à côté ménage des instants plus réalistes, tels que le dernier gunfight, où le cinéaste, traduit par un jeu de regards assez long, presque comique, l'hésitation logique à passer à l'acte des gardes forestiers ayant reconnu le tueur en cavale et son complice.
Et si le criminel avec le temps a acquis une stature quasi mythique (comme symbole d'une époque, comme criminel plus grand que nature), le cinéaste lui donne une dimension humaine, sans négliger tout le caractère dépréciatif que peut évoquer cette notion. La démesure du personnage, comme il a été précédemment évoqué, réside dans son attrait toujours renouvelé pour le crime, dans sa faculté à tuer de sang froid, à mettre sa vie enjeu sans peur. Désireux de forger son propre mythe (ironie vis à vis de la presse, goût de la célébrité qui s'amplifie), le gangster n'a rien d'héroïque, ni de désintéressé, luttant contre le système (policier, plus largement légal) sans volonté réelle de le remettre en question, pour lui-même. Vincent Cassel incarne toutes ses facettes avec beaucoup d'aisance et une jubilation à jouer qui rejoint celle à mettre en scène de Richet.
Pour toutes ses qualités et si peu nombreux défauts (on passera sur le jeu parfois limite de Cécile de France, certains dialogues pas bons), cette première partie relève le défi d'un cinéma de genre français de qualité.

L'Echange (Changeling)

Publié le 03/12/2008 à 12:00 par movievore
L'Echange
de
Clint Eastwood
(2008)

Interprètes: Angelina Jolie, Jeffrey Donovan, Michael Kelly, John Malkovich, Jason Butler Harner
Scénario: J. Michael Straczynski
Photographie: Tom Stern
Montage: Joel Cox, Gary Roach
Musique: Clint Eastwood

Los Angeles 1928. Christine (Angelina Jolie) mère célibataire, élève seule son fils Walter. Un jour celui-ci disparaît sans laisser de traces. Quelques mois plus tard, après une courte enquête, la police retrouve un enfant qui se dit être Walter. Guère abusée, la mère cherche à prouver que les autorités l'ont manipulée. Devenue gênante, elle est internée par les services de police. Son seul espoir de parvenir à soulever vérité pourrait résider en la personne du révérend Briegleb (John Malkovich), qui mène depuis des années un combat pour prouver la corruption des services d'ordre. En parallèle la brigade des mineurs arrête un tueur en série, peut-être lié à la disparition de Walter...

Le film débute sur le réveil de cette mère et de son enfant. Avec l'élégance teintée de délicatesse qui caractérise sa mise en scène, Eastwood pose rapidement le cadre de son intrigue et ses personnages principaux. Malheureusement, après ce beau début, qui semblait promette un développement sobre, le métrage s'égare au moment même où Christine se retrouve face à l'enfant que lui confie la police. La séquence qui montre la jeune mère sur le quai où elle est censée retrouver son fils, manque d'intensité, la faute à un découpage qui révèle trop vite la duperie, évacuant par conséquent tout suspens, voire toute dramatisation. Malgré tout, si le long métrage ne décolle jamais, et devient ennuyeux, c'est avant tout à cause de son scénario. Celui-ci, ne cesse de convoquer des idées intéressantes pour sans cesse dévier sans leur avoir suffisamment creusées. Ainsi, on aurait aimé que le scénariste s'attarde sur la relation particulière qui se noue entre la mère et cet enfant qui dit être le sien. Une ambiguïté forte, née des passages où la jeune femme inconsolable se montre brutale avec cet enfant, l'accuse presque de son malheur et le traite comme un adulte. Malheureusement, le script délaisse (trop) vite cet aspect pour retourner à l'enquête policière et au combat de Christine pour retrouver son fils. Ce qui débouchera sur la convocation de thèmes forts comme l'interpénétration entre vie privée et vie publique, l'implication de la religion dans les affaires de la cité, jamais poussés à leur terme. Pour cela il aurait probablement fallu que Michael Stracynski choisisse une des différentes voies qu'explore son script, de donner la priorité au drame publique ou au drame intimiste, qui en l'état coexistent sans se nourrir l'un de l'autre. Car le drame de cette mère, est en partie celui de devenir une héroïne publique, en levant le voile sur la corruption de la municipalité de L.A sans pour autant trouver l'apaisement. Ce que met en exergue un montage alterné un peu grossier, qui fait se suivre le verdict sanctionnant les services de police et celui rendant coupable le tueur en série. Le jeu d'Angelina Jolie traduit cette double position de son personnage. Quand le premier jugement est rendu elle arbore un regard droit, fier, celui de la femme qui a fait éclaté la vérité; lorsque le second tombe, ses yeux fermés, évoquent sa douleur de mère endeuillée. Pourtant le métrage ne trouve jamais l'équilibre entre ces deux aspects. Tout du long on a l'impression de regarder une œuvre toujours potentiellement forte, réellement laborieuse, d'autant plus que les dialogues trop nombreux (en particulier ceux dits sur un ton monotone par un John Malkovich insupportable) ne laissent aucune place aux moments de silence, où l'on aurait pu s'attarder sur le sort du personnage principal, sentir son espoir revenir ou défaillir. On retiendra tout de même, quelques beaux moments qui surnagent, comme ce fabuleux échange, à la fin du procès du tueur en série, où ce dernier confie à demi mots à la mère qu'il a bien tué son enfant. Un instant puissant, rompant par sa sobriété ( juste un champ contre champ, peu de mots, juste une phrase évasive "Walter était un ange", aveu très inquiétant car litotique) avec le bavardage dominant. Reste aussi le jeu d'Angelina Jolie, qui fraie avec un rôle difficile. En définitive c'est peu et L'Echange marque le premier vrai échec du cinéaste depuis longtemps.




Dans un autre genre, sur la thématique du deuil impossible voir l'article sur Simetierre de Mary Lambert dans la rubrique Flash-Back.


Simetierre... ou le deuil impossible

Publié le 05/12/2008 à 12:00 par movievore
Simetierre (Pet Sematary)
de
Mary Lambert
(1990)

Interprètes: Dale Midkiff, Fred Gwynne, Denise Crosby, Miko Hughes, Brad Greenquist
Scénario: Stephen King d'après roman.
Photographie: Peter Stein
Montage : Daniel P. Hanley, Mike Hill
Musique: Eliot Goldenthal, chanson "Pet Sematary" interprétée par les Ramones

Louis (Dale Midkiff) et Rachel Creed (Denise Crosby) s'installent en compagnie de Gage (Miko Hughes), leur fils âgé de 8 ans et de leur fille Ellie, dans une petite bourgade du Maine. Dans cette petite ville perdu, leur seul voisin est un ermite dénommé Jud Randall (Fred Gwynne) et leur nouvelle maison se situe à proximité d'un ancestral cimetière indien pour animaux. Un lieu sacré, contre lequel Randall les met en garde car il aurait le pouvoir surnaturel de ressusciter ceux qui y reposent. Médecin, peu enclin à la superstition, Louis, assiste cependant au retour du chat de son enfant qu'il avait enterré là. Quelque a chose a changé, l'animal domestique se montre sauvage, volontiers agressif, à tel point qu'il doit l'abattre. Les Creed décident alors d'oublier le cimetière, jusqu'au jour où Gage est renversé par un camion.

Stephen King adapte lui-même l'un de ses romans, considéré par ses fans comme l'un de ses plus effrayants et confie la réalisation à Mary Lambert, surtout connue à l'époque pour avoir tourné plusieurs clips de Madonna (Like A prayer, Borderline, c'était elle), qui contre toute attente livre un sommet du film d'horreur. Sa mise en scène, sobre, simple, s'attarde sur ce décor en soit inquiétant (ce coin perdu où trône ce vieux cimetière), sur ses personnages, ce qui confère très vite à l'histoire une grande crédibilité. La réalisatrice prend le temps d'installer les actants du drame, son cadre. Les protagonistes prennent de l'épaisseur, l'identification s'effectue d'autant plus facilement qu'il s'agit d'une famille ordinaire telle qu'aime à les décrire le romancier. La normalité apparente qui préside au premier tiers du métrage ne tarde pas à se déliter sous les coups de l'irrationnel. On aurait pu s'attendre, presque logiquement, que le film en basculant dans le surnaturel, jouerait la carte des effets, des plans esthétisant dans le but de secouer son public. Au contraire, dans une démarche héritée de classiques comme L'Exorciste, Mary Lambert, traite sur le même mode réaliste le versant fantastique et gore de son œuvre. Les actes atroces commis par Gage revenu d'entre les morts, se déroulent sous nos yeux sans qu'on sente une volonté évidente de les surdramatiser, ce qui les rend encore plus éprouvants. Le passage où l'enfant est écrasé par le camion, illustre ce parti cinématographique. En utilisant peu de plans la cinéaste traduit l'aspect fulgurant et implacable de cet instant, tandis qu'un simple champ (l'accident) contre champ (les témoins) met en exergue la détresse des parents. Cette dimension vériste, ne l'empêche par ailleurs nullement de livrer des images perturbantes, qui restent gravées, à l'instar du corps de l'enfant tombant du cercueil ou des toutes dernières minutes marquées par un romantisme macabre, qui ajoutent naturellement au malaise ressenti tout au long du film.

Une réalisation exemplaire qui sert un scénario brillant par sa concision et sa résonance émotionnelle. Etape après étape, avec un sens consommé de la tragédie Stephen King évoque la mort en marche, qui accule progressivement cette famille de la middle class. On commence par événement extérieur, à la portée annonciatrice, à savoir le décès de Pascow (Brad Greenquist) que ne Louis ne parvient pas à sauver, survient ensuite celui du chat (rapprochement de la cellule familiale) et celle du fils Creed. En plus d'être un tabou du cinéma américain, celle-ci évoque le cauchemar de tout parent, conduisant le père à la transgression d'un interdit religieux, puisqu'il profane la première tombe de Gage pour amener sa dépouille dans le cimetière des animaux. A partir de là se dessine l'image du deuil impossible, qui ronge tout. Rien ne résiste, ni la rationalité, ni les relations conjugales, la cellule familiale vole en éclats, tout est gâté, ce jusqu'au corps lui-même décrépi par le passage de vie à trépas. Le parcours du personnage central symbolise l'incapacité à survivre à la mort d'un être proche. Ce qui s'exprime par la manière dont il sombre dans l'aliénation en perdant tour à tour ses attributs de médecin (il refuse la fin de vie qui fait partie de son métier, se tourne vers le surnaturel, et tue son fils mort-vivant) et de père de famille (il met en danger les siens, perd ceux qu'il aime). Le final d'une noirceur incroyable, vient marquer le triomphe du mal, après que Louis Creed, complètement aveuglé par la douleur, a une dernière fois tenté de passer outre la mort.


Liens vers le clips Like A prayer: http://www.youtube.com/watch?v=zCRlXE9tonM
le clip Borderline: http://www.youtube.com/watch?v=qz3iGhVWrDQ
La vidéo de la chanson Pet Sematary des Ramones: http://www.youtube.com/watch?v=eEOZA2k3Plw

John Carpenter: des remakes, encore des remakes...

Publié le 07/12/2008 à 12:00 par movievore
La bonne nouvelle du mois de novembre aura été la confirmation du retour aux affaires, et surtout au travail, d'un des plus grands réalisateurs américains, toutes époques confondues (allez on oublie Ghost of Mars), John Carpenter. Ce dernier prépare en effet un thriller carcéral avec Nicolas Cage, qui reste un sacré acteur, en dépit de choix de carrière un peu...hasardeux. Momentanément titré Riot, le métrage vient d'entrer en tournage.

L'autre nouvelle, moins réjouissante, est l'annonce de la mise en chantier d'un nouveau remake d'un classique incontournable du boss, They Live aka Invasion Los Angeles chez nous. Difficile d'imaginer une relecture de cette oeuvre aussi ludique que subversive, à la fois nourrie du contexte qui l'a vu naître (à savoir les années Reagan) et sacrément atemporelle (le film pourrait se dérouler dans la France d'aujourd'hui). Enfin, si il y a fort à parier que cette nouvelle version ne vaille pas tripette, il suffira d'en faire abstraction, l'originale trônant toujours aux côtés des autres sommets du maître.


Two Lovers

Publié le 10/12/2008 à 12:00 par movievore
Two Lovers
Two Lovers
de
James Gray
(2008)

Interprètes: Joaquin Phoenix, Gwyneth Paltrow, Vinessa Shaw, Isabella Rosellini, Moni Moshonov, Elias Koteas
Scénario: James Gray, Ric Menello
Photographie: Joaquin Baca-Asay
Montage: John Axelrad



"It's four in the morning, the end of December
I'm writing you now just to see if you're better
New York is cold, but I like where I'm living" Léonard Cohen, Famous blue raincoat

Leonard (Joaquin Phoenix) est dépressif, trop instable pour vivre ailleurs que chez ses parents (Isabella Rosselini et Moni Moshonov). Ces derniers souhaitent le marier avec Sandra (Vinessa Shaw), mais il tombe sous le charme de sa nouvelle voisine Michelle (Gwyneth Paltrow), qui fréquente un homme plus âgé (Elias Koteas) marié et père de famille... Un argument limpide, déjà vu, déjà entendu, aux résonances universelles, articulé autour d'un thème ancestral, le dilemme amoureux. James Gray, magnifie cette histoire par sa mise en scène d'une beauté terrassante. La caméra flotte autour des personnages, les enserre dans un climat d'intimité mélancolique, rehaussé par la magnifique photographie aux teintes froides de Joaquin Boca-Asay déjà en poste sur La Nuit nous appartient. Accroché à son principal protagoniste, le film navigue entre douceur et douleur. Douceur des rapports amoureux, des baisers, des caresses, dans la nuit apaisante, douleur des fêlures, des amours impossibles. Le cinéaste capte chacun des moments clefs d'une relation amoureuse leur donnant une intensité de ceux qui vivent de l'intérieur. Accroché à son principal protagoniste, le film navigue entre douceur et douleur.Sous l'œil du cinéaste, l'hiver devient une saison ambivalente, reflet d'une tristesse étouffée, en même temps que le symbole du calme et de la quiétude. Cependant en dépit de cette ambiance, le réalisateur n'hésite à installer un humour qui ajoute une portée supplémentaire à son film. Le rap improvisé de Léonard ou la séquence du restaurant reposant sur le malaise du personnage central, sur une ironie cruelle et des dialogues à double entente, s'insèrent parfaitement au métrage, évoquant l'état d'esprit chancelant du héros, apportant une dimension supplémentaire au métrage. Créer une atmosphère, créer du mystère (les premiers plans de la superbe introduction), opérer des ruptures, James Gray y parvient sans problème, mais ce qui impressionne le plus c'est la manière dont il en fait un tout harmonieux.
Tout aussi impressionnant est la manière dont le cinéaste se saisit du mélodrame. A aucun moment , il ne craint que de pousser la porte du pathos (ce qui en soit n'a rien de péjoratif), n'hésite pas à frôler le cliché. Le passage où Léonard avoue son amour à Michelle sur le toit, lieu du secret et de l'intimité, qui rappelle Sur Les Quais d'Elia Kazan, sur le fil du rasoir, représente un grand moment d'émotion, toute en retenue, qui fonctionne par la simplicité du découpage, l'intensité de l'interprétation (tous les acteurs sont formidables) et l'intelligence de l'écriture, aux dialogues durs, et crédibles. Réalisé rapidement (7 ans séparaient The Yards de La Nuit nous appartient), entre deux polars très personnels, on pouvait prendre Two Lovers pour une œuvre récréative, il n'en est rien. Mieux, si en tant que drame amoureux le long métrage charrie des thèmes qui le différencient de ses illustres prédécesseurs, tels que le secret, la solitude, l'idéal, il n'en demeure pas moins travaillé par la thématique centrale du cinéma de Gray, à savoir la famille. Pour Léonard partir avec Michelle ou rester avec Sandra, revient à échapper au cercle familial ou à vivre une vie toute tracée. D'autant que la fragilité de son mental légitime le droit de ses parents de décider pour lui. Le film s'enrichit dès lors de la notion de bonheur. A la question: peut-on être heureux si l'on ne choisit pas soi-même?, le film n'apporte aucune réponse définitive. En lieu et place, le dénouement mêle résignation et promesse d'un hypothétique apaisement. Grand film.


Allez hop un nouveau remake...

Publié le 15/12/2008 à 12:00 par movievore
Au rayon relecture pas forcément utile, c'est au tour du beau The Crow d'Alex Proyas de passer sur le billard... Rappelons que le film date de... 1993. Ce qui met quelque peu en doute la légitimité du projet, puisque remaker un film vieux d'à peine quinze ans, même pas écorné par le temps, tient surtout de l'opération mercantile. Deux choses rassurent un minimum: l'univers de James O'Barr dont est tiré le long métrage de Proyas s'avère suffisamment foisonnant pour accoucher d'une œuvre différente, d'une vraie réécriture. La deuxième, le bébé est pour le moment entre les mains de Stephen Norrington, en charge du premier Blade, soit l'une des bonnes adaptations (ok, c'est pas Spiderman 1 et 2) d'un comic book un peu noir.
Malgré tout la version d'Alex Proyas, qui doit une partie de sa réputation au décès de Brandon Lee survenu sur le tournage, reste une œuvre plus que recommandable, un vrai film rock, où quand un scénario squelettique est transfiguré par la virtuosité de sa réalisation et l'interprétation de son acteur principal.

Quant à Proyas, justement, son petit dernier, intitulé Knowing, qui n'est pas un remake, sortira le 20 mars aux USA. Traduit un peu platement par "Prédictions" chez nous, le long métrage a pour tête d'affiche Nicolas Cage, peut-être décidé à choisir mieux ses rôles et la première bande annonce est prometteuse.